Le Plan d’investissement dans les compétences, lancé avec la ferveur d’une belle promesse, vise à transformer la formation professionnelle en France. Mais le bilan qui se dessine en 2025 est plus nuancé qu’il n’y paraît. Entre ambitions affichées et résultats concrets, le chemin se révèle semé d’embûches et d’apprentissages.
Un projet ambitieux : le contexte du PIC
En 2017, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, a souhaité bâtir une véritable « société de compétences ». L’idée était séduisante : former un million de jeunes éloignés de l’emploi et un million de demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés. Avec un budget de 13,8 milliards d’euros sur cinq ans, le Plan d’investissement des compétences (PIC) était censé répondre à l’urgence des métiers en tension et anticiper les besoins liés aux transitions écologique et numérique.
Mais au fil du temps, des questions ont émergé : le plan a-t-il vraiment livré sur ses promesses ? Quelle est la réalité sur le terrain ?
Les chiffres clés du PIC
Pour mieux comprendre l’ampleur des enjeux, voici quelques données essentielles :
Objectifs | Bénéficiaires prévus | Budget total |
---|---|---|
Formation de jeunes | 1 million | 13,8 milliards d’euros |
Demandeurs d’emploi peu qualifiés | 1 million |
Un bilan mitigé : les critiques de la Cour des comptes
En janvier 2025, la Cour des comptes a révélé un bilan des plus critiques. Le constat était sans appel : la fameuse « société de compétences » promise a souffert d’un écueil majeur. L’approche s’est davantage orientée vers une dimension sociale, perdant ainsi de vue l’importance formelle des compétences.
Pour illustrer cela, le rapport indique que nombreux sont les publics ciblés par le PIC qui ont été confrontés à des défis d’accès à la formation, ceux-ci se traduisant souvent par des freins socio-économiques. Les projets régionaux ont souffert de dysfonctionnements lors de leur mise en œuvre.
Critères d’évaluation | Observations |
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Accessibilité des formations | Difficultés de « sourcing », freinage par des obstacles sociaux |
Taux d’insertion professionnelle | Limité à des parcours courts |
Expérimentation de la Locomotive : un cas inspirant mais limité
Parmi les projets emblématiques du PIC, on trouve « La Locomotive », une initiative déployée en Maine-et-Loire et en Alsace. Accompagnant socialement 2 000 personnes sans emploi sur une période de dix mois, ce projet a rencontré son lot de réussites, mais aussi de limites.
La diversité des profils des participants, allant de jeunes en quête de repère à des citoyens en situation d’isolement, a demandé un accompagnement démesuré. Les retours indiquent que l’« espace-temps » dédié à la socialisation a été pris souvent au détriment de la formation directe à des métiers.
Public cible | Participants spécifiques | Difficultés rencontrées |
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Citoyens en situation d’isolement | Ne recourant pas à leurs droits | Manque d’accompagnement |
Jeunes sans projet professionnel | En quête de repères | Évolution vers des accompagnements sociaux |
Les défis d’un accompagnement durable
Un des grands objectifs du PIC était d’« innover » dans l’accompagnement des personnes éloignées du marché du travail. Les acteurs du consortium de « La Locomotive » ont tenté de relever ce défi, mais ils se sont heurtés à de multiples obstacles. Le manque de coordination avec les structures traditionnelles, comme France Travail et CAP Emploi, a complexifié leur mission.
Pour nourrir cette analyse, plusieurs enseignements en ressortent :
- Une réglementation restreignant les délais d’action et les financements temporaires.
- Un besoin accrue d’une présence durable des intervenants pour créer un climat de confiance.
- La nécessité de pérenniser les projets au-delà des financements initiaux.
Vers un avenir à redéfinir pour la formation professionnelle
En somme, le plan d’investissement dans les compétences appelle à une redéfinition des objectifs et des stratégies. Les acteurs de la formation, des employeurs et des responsables politiques doivent travailler main dans la main pour rebâtir un système de formation professionnelle inclusif et véritablement efficace. Les précédents échecs et apprentissages doivent guider les pas vers un meilleur avenir.
La route des compétences reste à tracer, mais avec l’expérience de « La Locomotive » et d’autres initiatives, un nouvel élan est possible. Seule condition : ne pas perdre de vue l’humain et ses réelles aspirations.
Source: theconversation.com